mercredi 27 avril 2011

16 avril 2011 Roissy Terminal 2F 5 heures

- Merde, il est lubrique.
T'es lubrique?
On pense à chaque fois les connaître, on place toute sa confiance en eux, et soudain un regard, un regard a suffi. Il est lubrique.

Alors on prend les mêmes armes qu'eux.




Cut.

Une femme dans la rue, la nuit, avec un gros sac à dos, des lunettes de soleil noir, parcourt la ville en Vélib, jusqu'au train qui la conduira à l'aéroport.

Cut.

La même jeune femme habillée de manière printanière, non plus sur un Vélib mais sur un vélo d'occasion féminin (c'est-à-dire lui permettant de se tenir droite) apparaît au sommet d'une rue très en pente de Lisbonne.
Elle a l'air soucieux, baignée dans le soleil et dans le blancheur de sa robe.
Elle commence la descente, active les freins qui couinent et gémissent et émettent un cri toujours plus strident à mesure qu'elle les serre.
Honteuse d'abord, et rougissante, elle éclate finalement d'un grand rire.




Berlin, c'était trop de promesses pour être toutes tenues, trop de besoin d'espérer, trop d'attentes et de possibilités de tomber.
Elle aimait tomber d'habitude, mais à force, son besoin de chute était devenu si grand, que si le fonds du puits s'avérait autre que l'espéré, que l'attendu, que l'imploré, elle aurait peur de ne pas s'en relever, cette fois.




mardi 12 avril 2011

Music in a foreign language




-       Qu’est-ce que t’aimes chez lui ?

Trois jours plus tard—trois ? vendredi, samedi, dimanche, lundi, mardi : 5. 
Cinq jours plus tard, je pourrai lui répondre :

J’aime qu’il soit l’un des premiers hommes depuis très longtemps, davantage intéressé par ce qu’il nous serait possible de faire à deux et de partager, que par lui. J’aime sa prise de risque face à moi. Sa mise à nu, de manière assurée, délibérée, voulue, pesée, connue, mesurée, assumée.
J’aime qu’il me suive, qu’il propose, qu’il me regarde, sourie, et ait également envie, quand les autres attendent, finissent par accepter ce qui leur est offert sur un plateau. J’aime qu’il soit un homme face à moi, qu’il prenne les choses en main, me laisse proposer, jamais quémander, jamais supplier avec, chaque fois, moins d’envie et de conviction, un début de distance, voire de mépris, et surtout, de la tristesse.
J’aime qu’il m’ouvre son univers de manière simple, et qu’il soit comme moi, rassuré de voir que je m’y meus de manière indépendante, et n’ai besoin de lui que pour le plaisir. Pas pour la survie.
J’aime qu’il me mente pour m’encourager, et me regarde avec une sorte de bienveillance amoureuse et émerveillée qui me pousse à aller plus loin dans le partage, qui finit par en devenir un, même s’il ne voit pas ce que je vois. Mais à force de m’en entendre parler, moi la trompée, la croyante, le miracle opère, et le monde est transformé.
J’aime simplement l’émotion qui me porte depuis, la force qui circule en moi, l’envie, la confiance, la sérénité enthousiaste qui coule en mon âme, et me fait rire le soir, lorsque mes freins réveillent les voisins, et que mon vélo se fait cheval.




mardi 5 avril 2011

Prendre le monde, faire comme s'il était plat.
Plat, mais vraiment.
Plat, dans le genre plus plat que moi t'existe pas.
Une seule dimension, donc.
Et tout d'un coup, on regarde un arbre, un tronc, et on se rend compte qu'oH!-MoN!-DIeU!!
Mais il est ROND!!
Il est rond, il est cylindrique! il prend forme dans l'espace, il existe de manière volumineuse (et pour la première fois ce mot ainsi m'apparaît) de manière volumineuse, donc, devant moi.

Et soudain je regarde au-dessus de ce tronc, là même où sont les branches, encore fines, tortueuses et nues de l'hiver, où fleuronne à peine l'espoir d'un bourgeon, une lueur jaune ou verte qu'on n'aurait pas osé esquisser, comme un mouvement inscrit dans l'air et non fermé, non accompli, quelque chose de l'ordre du rêve, du sentiment, que l'on devine pourtant.
Et soudain, merveille!
On en distingue par dizaines.
Tous sont là, alignés, parallèles, en droites verticales et perpendiculaires, tous autant qu'ils sont semblables et devant moi dressés, tous défilant devant mes yeux extasiés, et je découvre enfin ma capacité à me mouvoir en leur sein, je vis, j'existe, et puis parmi eux évoluer, passer l'un, puis l'autre, aller vers le suivant, et chaque nouveau pas est une découverte, ombres chinoises se découpant contre le ciel, dentelle de nervures et d'arborlescences, gravures japonaises d'encre se révélant en pleine lumière, changeantes et à l'infini répétées, et nous pourrons en faire le tour, mon amour, puisque la terre est ronde, rêve éveillé.






mardi 29 mars 2011

Cette nuit, dans un demi-sommeil, je vis la photo en noir et blanc de la belle Alyne, de dos, en robe et à vélo, sous la pluie, protégée de la main droite par un parapluie, et tenant dans la gauche un fromage.


On n'y est pas encore, quoi. 

vendredi 25 mars 2011

well i'd find me the longest, sharpest knife I could and'd stick it straight into my heart

I'd do that.

Fébrile, tourmentée.

Soudain heureuse, soudain apeurée. L'envie de pleurer n'est pas loin, mais je ne laisserai pas faire les larmes, pas aujourd'hui, pas cette fois, elles sont illusions en ce soleil, elles le sont, je le sais, même si ma peau, mes nerfs, mon coeur voudraient me faire croire autrement. Mais seul mon cerveau, et bizarrement, détient l'ultime raison. A lui je m'en remets. Il connaît par hasard les brèves et les longues, le charme et le rompu, ce qui fait des bourgeons un spectacle attendu, une extase, une ivresse, un besoin advenu.

Je m'en remets à lui.

Et plonge doucement dans l'oubli. Chaud, et onctueux. Celui qui me bercera. Jusqu'aux bras de la fin de cette semaine.




Mes aimées, mes fidèles, mes présentes, je vous aime. 

jeudi 24 mars 2011

Dans le port de Hambourg- rêve du 23 mars 2011





Les grues montaient, montaient, se démultipliaient à une vitesse prodigieuse, vertigineuse, et je tombais, par vagues violentes, successives et saccadées, à la mesure de la montée des grues, de leur changement de couleur, et les sons métalliques frappaient autour de moi, ma voix dédoublée, celles des filles lointaines, mais proches; mes aimées, mes douloureuses, mes inquiètes, mes présentes à mon chevet comme je ne contrôllais plus mon corps, mon corps qui flottait autre part, qui n'était presque plus mien, seule ma tête, solide, présente, de laquelle découlaient ces rêves.








Je viens de la Rue du Bac

"Je suis 100% kurde, je suis 100% parisien, et je suis 100% rien du tout, je viens du ventre de ma mère, je suis là pour une courte période de temps, je ne sais pas combien, et le cinéma est ce qui m'emmerde le moins."





Hiner Saleem sur France Culture, le 23 mars 2011, jour de la mort d'Elisabeth Taylor, que l'on n'apprendrait que par après.