mercredi 18 janvier 2012

Pharaon


Et je chantais cette romance
En 1903 sans savoir
Que l'Amour à la semblance
Du Beau Phénix, s'il meurt un soir,
Le matin voit sa renaissance 
(Appolinaire)

Je l’ai vu tout à l’heure, dans un désert immense.

J’étais dans un désert de sable, avec quelques montagnes rocheuses. Mais rien de très haut. Un immense désert dans lequel j’évoluais seule.
Je savais, j’avais conscience qu’étaient présents, là aussi, les êtres que j’aimais. Les Joseph, Antoine, Syl, Sabou, Lyd, Alyne… tous quelque part. Mais nowhere to be seen. Peut être ensemble derrière un rocher, ou dans un coin à eux, sous terre. Je ne sais pas. Là quelque part. 

J’avance, et je ne vois rien. Et tout d’un coup, une statue. Immense. Gigantesque. La statue du maître des lieux. Du pharaon, du roi, du dictateur. Lui. Sa tête. Enorme, et devant moi dressée. Et je sais que tout ici est à lui. Et pourtant c’est chez moi.
Et je comprends. Mais non. Mais non. C’est complètement déséquilibré. C’est impossible, on peut pas vivre comme ça.
Et les autres, je les aime même plus que toi, ils sont ma vie, ma famille, mes frères. Toi c’est de la dictature. C’est même pas toi qui t’es érigé là, tu t’en fous de ce désert, t’as pas envie d’être là. C’est des fanatiques qui t’y ont mis, mais les fanatiques, c’est moi, car tout ceci est mon peuple, mon pays, mon roi.
Il faut te faire descendre, démonter cette statue, te faire rejoindre les autres, les hommes aimés, perdus, transformés, aujourd’hui sereins, des alliés, dans mon cœur aussi, pour la vie, mais en proportion de cause, en connaissance gardée, on confond tout, là, tu n’es pas mon Dieu, pas le Che, faut arrêter.

Je suis malheureuse dans ce désert, mon cœur continue à brûler. J’ai compris ce qu’il me fallait faire, mais je ne vois pas comment y arriver.





mercredi 11 janvier 2012

Vol

C'est un de ces jours tristes, un de ces jours sans joie, et pire
encore car l'on sait le futile de cette absence, 

la non pesanteur de ces émotions, 
l'illégitimité totale de cet abandon 
à la malaisance, à la lassivité, 
l'incongruité aigue d'un mal un peu quelconque....
Il suffirait d'une chose pour qu'alors tout s'éclaire, et le savons si bien que cela m'insupporte- comment tomber encore dans ce jeu de
cloportes, comment se laisser faire, quand on prône être vaillante,
comment être à nouveau la cible de ses maux, le repaire des lombaires,
le trône de son égo?
C'est absurde et sans fin, et palpable soudain, non pas soudain,
toujours, c'est quelque chose de su, une connaissance, vertu, vice,
désir, passion non non non non non
Radiohead avait raison


Alors on pourrait se réfugier dans les salles obscures, guetter
d'autres figures, se fondre en d'autres corps, mais le simple est trop vu, la solution, abus, le ressort un remords
je me connais je nous connais nous me nous connaissons
s'user s'user jusqu'à la corde
ne s'use que si l'on n'en abuse pas
pourquoi pourquoi toujours si vrai toujours si cru
la viande en étalage comme autant de boeufs et de mouches
on parle d'échaland je parle d'échafaud on dit où donc je dis de queue
on parle d'amour je parle de noeud
mais je n'en pense pas moins
pas guère
pas plus qu'un autre
ou que naguère
qui comprend qui
on parle souvent des mêmes choses
à tel point qu'on nous prend pour un autre pour un trait
délicat
de la pensée
de l'esprit
de l'attitude
on colle à notre chair un sceau
à notre arc un cerceau
on nous dit ainsi
alors qu'on est un ça
et qu'on n'en finit pas
d'essayer d se raconter
et c'est ainsi qu'on se perd
et qu'on s'éperdue
en pairs
à pleurer
jour impair
jour de feu
de flamme

jour de jeux
Nuit de chine, nuit câline, nuit d'amour... 


ivresse

laisser la parole aux anciens

et enfin
que cesse, un temps

la liesse