vendredi 29 avril 2011

L'amour à l'échelle hectares





Everything is unfolding in the utmost perfect way.
Combien j'aime cette vie, cette ville, tout ce qu'elle dégage et promet.
Si Paris est mon âme, New York est mon coeur ou quelque chose du genre, le moteur propulsant l'énergie dans mes veines, celle qui depuis jamais ne me quitte. J'ai retrouvé, en quelques heures, tant d'endroits.





Incroyable de parcourir ainsi une entité aimée, de retrouver un coin, une boutique, un café, comme on regarde avec délectation, comme devant un miracle, les grains de beauté connus sur la peau de l'autre.
Un amour à l'échelle hectares, qui contient douze millions d'autres âmes pamoisées.
Un amour que je n'aurai pas assez d'une semaine pour arpenter.



mercredi 27 avril 2011

16 avril 2011- Rome- 10 heures




New York- comme une promesse.
Comme une femme que j'aimerais, que j'irais retrouver. New York, comme les larmes qui montent aux yeux, le sourire insurmontable, le chancellement, que suit la démarche sûre et pleine d'entrain de celle qui rejoint, qui retourne.
A celle à qui elle appartient.
Il faudra bien que je m'allonge à même le bitume et que je l'embrasse, cette déesse, cette soeur, que je lui dise combien elle m'a manqué.


T'imagines des musiciens qui joueraient pendant vingt ans sans s'arrêter et s'enregistreraient et du coup ce serait un morceau qui durerait vingt ans? Bon déjà deux jours ce serait pas mal. Personne n'a jamais fait ça?


Qu'est-ce qu'on s'raconte alors?
Ah oui l'harmonie.
Des couleurs, sur Lydiane.
Et il l'avais remarqué aussi.
Il faudrait pouvoir ainsi partager cette franche extase sans jamais éprouver ce pincement au coeur, au fond, tout de même, et malgré le miracle- une peur, la peur du potentiel abandon- mot fort. Mais trahison, oui, préférence, désir, attirance.
Si l'on était parfaitement sereins, alors, partage en amitié, rire, jouissance mutuelle pour ces attraits de la vie en général, auxquels nous pourrions goûter ensemble.





Pouvez-vous m'expliquer la différence entre ces gens qui se prennent deux somnifères bam comme ça tous les soirs et deux anti-dépresseurs bam tous les matins et qui se meuvent dans cette trajectoire toute tracée du "bien dormir et pas penser", et nous, qui prenons le chemin vers la nature et la vérité révélée dans le miracle de la vie, de la beauté, de l'harmonie, du tout transcendantal et sublime, de la magnificence advenue?


Ca y est, je recommence à avoir trois fois trop d'idées.
What's the problem baby?
Trop d'envies et pas assez de gens avec qui les accomplir? les commettre? en finir et les achever?

C'est bizarre, tout à l'heure, comme mal réveillée, je me disais soudain "j'ai pas envie d'être là, j'ai envie d'être chez moi", et cette idée était d'autant plus absurde qu'elle ne faisait référence à aucun lieu précis ou identifié.
Plus aussi excitée que tout à l'heure, davantage en quête, avec un soupçon d'appréhension. Les flashs de ma vie passée, de la vie d'il y a deux ans, qui n'a plus rien à voir avec celle-ci.
Ouvrir les yeux, profiter, retrouver la carte postale enchantée, urbaine et colorée.





16 avril 2011 Roissy Terminal 2F 5 heures

- Merde, il est lubrique.
T'es lubrique?
On pense à chaque fois les connaître, on place toute sa confiance en eux, et soudain un regard, un regard a suffi. Il est lubrique.

Alors on prend les mêmes armes qu'eux.




Cut.

Une femme dans la rue, la nuit, avec un gros sac à dos, des lunettes de soleil noir, parcourt la ville en Vélib, jusqu'au train qui la conduira à l'aéroport.

Cut.

La même jeune femme habillée de manière printanière, non plus sur un Vélib mais sur un vélo d'occasion féminin (c'est-à-dire lui permettant de se tenir droite) apparaît au sommet d'une rue très en pente de Lisbonne.
Elle a l'air soucieux, baignée dans le soleil et dans le blancheur de sa robe.
Elle commence la descente, active les freins qui couinent et gémissent et émettent un cri toujours plus strident à mesure qu'elle les serre.
Honteuse d'abord, et rougissante, elle éclate finalement d'un grand rire.




Berlin, c'était trop de promesses pour être toutes tenues, trop de besoin d'espérer, trop d'attentes et de possibilités de tomber.
Elle aimait tomber d'habitude, mais à force, son besoin de chute était devenu si grand, que si le fonds du puits s'avérait autre que l'espéré, que l'attendu, que l'imploré, elle aurait peur de ne pas s'en relever, cette fois.




mardi 12 avril 2011

Music in a foreign language




-       Qu’est-ce que t’aimes chez lui ?

Trois jours plus tard—trois ? vendredi, samedi, dimanche, lundi, mardi : 5. 
Cinq jours plus tard, je pourrai lui répondre :

J’aime qu’il soit l’un des premiers hommes depuis très longtemps, davantage intéressé par ce qu’il nous serait possible de faire à deux et de partager, que par lui. J’aime sa prise de risque face à moi. Sa mise à nu, de manière assurée, délibérée, voulue, pesée, connue, mesurée, assumée.
J’aime qu’il me suive, qu’il propose, qu’il me regarde, sourie, et ait également envie, quand les autres attendent, finissent par accepter ce qui leur est offert sur un plateau. J’aime qu’il soit un homme face à moi, qu’il prenne les choses en main, me laisse proposer, jamais quémander, jamais supplier avec, chaque fois, moins d’envie et de conviction, un début de distance, voire de mépris, et surtout, de la tristesse.
J’aime qu’il m’ouvre son univers de manière simple, et qu’il soit comme moi, rassuré de voir que je m’y meus de manière indépendante, et n’ai besoin de lui que pour le plaisir. Pas pour la survie.
J’aime qu’il me mente pour m’encourager, et me regarde avec une sorte de bienveillance amoureuse et émerveillée qui me pousse à aller plus loin dans le partage, qui finit par en devenir un, même s’il ne voit pas ce que je vois. Mais à force de m’en entendre parler, moi la trompée, la croyante, le miracle opère, et le monde est transformé.
J’aime simplement l’émotion qui me porte depuis, la force qui circule en moi, l’envie, la confiance, la sérénité enthousiaste qui coule en mon âme, et me fait rire le soir, lorsque mes freins réveillent les voisins, et que mon vélo se fait cheval.




mardi 5 avril 2011

Prendre le monde, faire comme s'il était plat.
Plat, mais vraiment.
Plat, dans le genre plus plat que moi t'existe pas.
Une seule dimension, donc.
Et tout d'un coup, on regarde un arbre, un tronc, et on se rend compte qu'oH!-MoN!-DIeU!!
Mais il est ROND!!
Il est rond, il est cylindrique! il prend forme dans l'espace, il existe de manière volumineuse (et pour la première fois ce mot ainsi m'apparaît) de manière volumineuse, donc, devant moi.

Et soudain je regarde au-dessus de ce tronc, là même où sont les branches, encore fines, tortueuses et nues de l'hiver, où fleuronne à peine l'espoir d'un bourgeon, une lueur jaune ou verte qu'on n'aurait pas osé esquisser, comme un mouvement inscrit dans l'air et non fermé, non accompli, quelque chose de l'ordre du rêve, du sentiment, que l'on devine pourtant.
Et soudain, merveille!
On en distingue par dizaines.
Tous sont là, alignés, parallèles, en droites verticales et perpendiculaires, tous autant qu'ils sont semblables et devant moi dressés, tous défilant devant mes yeux extasiés, et je découvre enfin ma capacité à me mouvoir en leur sein, je vis, j'existe, et puis parmi eux évoluer, passer l'un, puis l'autre, aller vers le suivant, et chaque nouveau pas est une découverte, ombres chinoises se découpant contre le ciel, dentelle de nervures et d'arborlescences, gravures japonaises d'encre se révélant en pleine lumière, changeantes et à l'infini répétées, et nous pourrons en faire le tour, mon amour, puisque la terre est ronde, rêve éveillé.