vendredi 7 juin 2013

La Jalousie ou Le Motard Masqué

Ils marchaient dans la forêt, extatiques, heberlués, comme cela arrive.
Ils marchaient jusqu'à épuisement, tant il fallait vivre et voir, sentir et prendre, découvrir et partager.
La fatigue se faisait sentir, et les membres faiblissaient, comme leurs forces.
Mais tout de même, au loin, ils apercoivent l'une de ces chaises hautes, piedestal de bois pour les gardes forestiers, depuis lesquelles ils observent le passage des différentes espèces.
Un nouveau but était ainsi naturellement désigné. Chasse gardée.

Ils décident d'un commun accord et sans mot dire, dans cette intuition subliminale et partagée de se rendre jusqu'à cette chaise, jusqu'à ce siège élevé.
Mais au fur et à mesure qu'ils s'en approchent, les environs se font plus nets, plus précis, et ils se rendent compte de la structure particulière du lieu: des pierres formant un cercle, un espace clos à ciel ouvert, quelque chose du bûcher, de la réunion des druides, au moment du sacrifice sous la lune.

Pris, passionnés, ils regardent, cherchent et tentent de comprendre, mais s'aperçoivent soudain qu'ils ne sont pas seuls:
il y a là, à quelques mètres d'eux, silencieux, immobile, terrible et menaçant, il y a là, chevauchant une puissante moto d'ébène, un être, homme? femme? masqué, tout habillé de cuir, et qui les regarde.

La peur, la folle panique les saisit.
Tout ce qu'ils ont jamais redouté leur envahit le coeur, ils ont peur, voudraient hurler, prient.
Affolés mais ne bougeant point, ils regardent l'être les regarder.
Doucement, car le temps est un allié, l'être se meut, faisant sans ciller rugir le moteur de sa monture.
Et, doucement, majestueusement, se dirige vers eux.

Paniqués, morts de peur, mais ne bougeant pas, ils le regardent avancer, le regardent venir, lui, le maître, la maîtresse, lui, le magistral, lui, le tout puissant, décidant de vie et d'amour, lui, trancheur de tête, décapiteur de coeurs, lui, qui les a choisi comme victimes.

Et plus il avance, et plus il devient large, large, large, mais en vérité non pas large mais gros, gros, et petit, et gras!, un ventre, une chemise, un casque apparaissent, et plus il devient gras, et plus la moto devient petite, petite, toute petite, minuscule, un scooter, une mobylette, en vérité.
Le petit homme gras arrive à leur hauteur, pétaradant de mobylette.
Il s'arrête.
Relève la visière de son casque.
Une tête bonhomme apparaît.

- Oui, bonjour, je voulais juste vous demander, s'il-vous-plaît, de rien faire brûler, de pas allumer de feu, parce qu'après ça met la forêt en danger, c'est dangereux....


mercredi 5 juin 2013

Syndrome du R


Ca commence à venir... peut-être.

C'est déjà arrivé auparavant, puis il y eut rechute.

Mais doucement, avec le temps, avec son amour, peut-être pourrais-je, peut-être 
commencerais-je à ne plus craindre, à ne plus redouter, à ne plus unter leiden, "unter" car ce fut un poids tel, que dis-je, un poids: écrasée sous la montagne mais respirant, mais pensant, mais éprouvant encore.

Doucement, avec le temps, et avec son amour, les grands R ne me font presque plus peur, je casse les bibelots que je veux en éclatantes particules, les fait retomber, légères et transformées, confettis désirées de ma nouvelle vie.

Doucement, peut-être, et avec son amour,
je me dis, me dirai, que tout est bien, tout, serein, dans le plus compliqué des mondes...

On va voir... On prie... Et on chante Ohm Shanti...