jeudi 20 octobre 2011

Mon Eurydice

L'amour qu'elle a pour lui est différent de celui dont elle a l'habitude, différent de cet amour passionnel et trouble et non réciproque qui lui tombe habituellement dessus, la dévastant, l'emportant, avec piqûres et frémissements, et auquel elle sait que jamais nulle réponse. 


Avec lui, chaque esquisse, chaque geste, chaque mouvement... vu, perçu, pris en compte à sa juste valeur, et à chaque fois, elle reçoit, en retour. 
Du coup, la crainte, évidemment, car elle ne peut se permettre de foncer dans le mur, gegen die wand, yallah! avec force rakia, non non non, pas cette fois.


Cette fois, derrière le mur, il y a ce songe trouble qu'elle ne connaît pas, mais aperçoit, déjà, qui lui étreint le coeur, tant et tant qu'elle a peur de faire le pas fatal, celui qui fera tout disparaître, qui prouvera le mirage, le rêve éveillé mais non mérité, la faute répétée, la brèche infernale du bonheur envolé. 










Elle veut pas perdre son Eurydice et s'en trouve toute déboussolée.

mercredi 19 octobre 2011

La mascarade



Celle qu’on n’est plus

Les mêmes mots, les mêmes corps, les mêmes décors- l’impossibilité de rien retrouver.

La facilité de la nuit, le désespoir du jour et de la routine.


Lisbonne, Berlin, en deux temps.


Lisbonne, Berlin, la nuit, le retour vers l’inconnu.


Ou alors les flash forward: voilà ce que vous serez.


La légèreté, l’impression de tenir un moment qui n’existe qu’en soi, qui plus jamais ne reviendra, l’audace, ce que l’on raconte de soi.

Le problème des frontières- personnelles, professionnelles, amoureuses.

Passer de l’autre côté.











Pourquoi, comment se fait-il que quelqu'un aimant autant passer les frontières, éprouve cependant tant de peine à le faire, lorsque c'est autrement que géographiquement ?



mardi 18 octobre 2011

Je ne veux plus voir personne. (Sur mon petit tapis volant)


Débranchez mon téléphone, le frigidaire,
N'y pensez plus. 

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Il a conduit deux heures comme un fou.
Il arrive.
Et là, il a peur.



Je te donne, tiens, cadeau, pour chaque billet sorti d'un soutien-gorge, le crissement convenu d'une guitare, pour chaque regard en sachant long, un intello en bleu de travail, pour chacune de ces femmes dont tes héros chantent le nom, de l’eau de vie slave le douloureux frisson; pour chaque secret livré à une autre, les matins brûlants des boulevards, les nuits de champagne hostile, les citations à même le mur, sur ma peau de leur encre la piqûre, et leur gourmandise, et leur brutalité, et leur maîtrise passionnée, et leur tendresse teintée de cynisme...

Oui.

Je suis jalouse.











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vendredi 14 octobre 2011

Jambon triste- septembre 2011

Sad ham, Hussein.

Le blues. Celui qui vient se coucher contre toi, pendant ton sommeil,
doucement, tout doucement, pour mieux ne pas te réveiller,
et t'enveloppe de son halo nébuleux, insoupçonné, pour alourdir ton coeur d'une mélancolie sourde et profonde, que tu ne comprends pas, que tu acceptes, déjà, qui est devenue tienne et avec laquelle tu vivras, un temps.




jeudi 13 octobre 2011

La vérité dans la baignoire

Le drame est où on ne l'attend pas,
dans le bonheur, le calme plat

"Vous n'le voyez pas? mais c'est à l'intérieur!"

Du fond de la baignoire, il dit la vérité:

il est la quintessence, la profondeur, l'inespéré
il vit, brûle et rugit, dans chaque cellule de l'être aimé

il est matière première, il est affolante constance

Et partout, et toujours, on le retrouve où on le crée
il est en nous, en eux, il est cent fois miraculé

Enfin je peux m'abandonner À la vie, à son quotidien.
Il est, à jamais, le chemin.





lundi 10 octobre 2011

Vénéneuse Antre

Il est une cuisine baignée de lumière verte, dans laquelle il fait bon s'arrêter. On y sirote un verre, on y fait une rencontre, on s'accoude, on s'endort, on vaque aux plaisirs de la vie.

Parfois, un serpent vient onduler de ses courbes sinueuses le long du comptoir en bois, jusqu'au petit abat-jour kitch que l'un des maîtres a posté là.

Ils sont trois. Trois sorciers qui tour à tour mijotent, et dans l'arrière-pièce font mijoter, la sauce à laquelle nous seront tous mangé.

Nous le savons, plus ou moins vaguement, plus ou moins consciemment, mais nous y aventurons tout de même.

Passé la porte nous coulons là des jours heureux, dans l'ivresse et le rire, et cette pointe grisante d'angoisse à savoir que oui, le destin se joue là, que derrière nous, le chaudron, le bois, le feu follet faisant lentement monter l'ébullition, et que bientôt, (délice! ô abnégation!) nous saurons par lequel nous viendra le poison...



jeudi 6 octobre 2011

Chaos? Cadeau. Ou l'année 2011...


Malgré le souk, le drame, malgré ce goût pour l'infernal,
il m'arrive tout de même de reconnaître l’arbre au milieu de la forêt

Celui qui me sourit, m’appelle

Celui à qui, oui, j’appartiens

Quand bien même rien ne le prouve, quand bien même ils n'y voient rien



Et ce qu’il reste de douleurs autres, il les devine, il les comprend,

C’est près de lui que je viendrai les faire une à une s’écouler,

Pour les mêler ensuite à la terre,

Et en faire de l’argile colorée.