lundi 5 novembre 2012

PARIS. (DERNIER TROMÉ)


INT. MILEVA’S APPARTMENT. NIGHT

White. A very intimate close-up. Slowly, we get to understand that what we see are white sheets, underneath which things are happening.

A square of skin, untouched, when the whole rest of the body is being caressed.
Breaths.

A hand, alone, on a blue sheet. Isolated, lost. Moved by sensations, like waves.

It closes and grips and opens, offered, and grips again the blue sheets, in increasing convulsions.
A foot on another foot, caressing, trying to caress, in chaotic abandonment.

Joined hands. His hand, pinning hers on the blue sheet. His hand dominating hers, squeezing hers, her hand gripping his, with all her passionate strength.

Breaths become short.

His hand lets hers go, to come to her long, voluminous hair. It caresses them one moment, to better take a hold of them, of her.

Their faces, so close to one another they could be confused. They are not united in a kiss, but their lips touch, their mouths seem to breathe together.

They look at each other with fear.

MILEVA  (V.O.) (CONT'D)
(so soft the audience might never hear it, like an unconscious mantra, a confession to herself.)
Mon amour mon amour mon amour mon amour

His free arm embraces her stronger still. His skin on hers, he encircles, imprisons her.

Her head is turned to her left, to him behind her, biting and kissing her nape.

MILEVA (V.O.) (CONT'D)
(again barely audible)
Faut pas- Je- Oh!

She’s interrupted by an intense pleasure wave. Incapable of controlling her emotions anymore, unaware of what she’s saying, in a whisper:

MILEVA (CONT'D)
Je t’aime!

And immediately realizing what she’s said:

MILEVA (V.O.) (CONT'D)
(horrified)
Fuck.

His lovemaking becomes brutal, more violent. And rises in her so strongly, that it leads them both to a deep, extremely intense orgasm.

Her breathing is mad, spasmodic, she bursts out in tears.

His head is against her arm, his forehead on the sheet, his body still covering her.
He tries to get his spirits and breath back. Stays lying there for a while, until he doesn’t move at all, his head still down, while we hear her trying hard to stop sobbing.

Suddenly he stands straight. Jumps over her, gets out of bed.

She is calm again.

She sits straight in the bed, draped in the white sheet.
She looks out the velux into the night.

He is sitting on the desk chair, naked. Puts on two pairs of woolen socks.

She turns to him, bathed in moonlight, supported by her left arm, against the blue sheet, her right hand abandoned in the white sheet’s pleats.

She suddenly looks younger.

MILEVA (CONT'D)
Leaving?

He puts on his jeans.

STAN
Yep.

MILEVA
Why?

STAN
(sharply)
Cos it's 5 in the fucking morning, and I need to catch the first metro.

Mileva doesn’t move, but looks at:
Her POV- a clock, standing on her book shelves.

MILEVA
(cold, provocative)
It's 5h15 in the morning. The first metro is at half past 5, you still have fifteen minutes to fuck me again.

Stan makes his shoe laces.

STAN
But I won't.

Mileva puts her chin up, brushes her hair out of her face by quickly moving her head.

MILEVA
Why?

STAN
Cos we already fucked and I wanna go.

Stan finishes doing his shoe laces, turns around towards her, already having lost his temper. The way he talks to her is over-articulated, as if he wanted every single word to hurt her.

STAN (CONT’D)
Didn't get it? I'm leaving. Cheerio!

Mileva has an angry move, and makes the sheet fall down on the bed, on purpose, to better reveal her  body.

STAN (CONT’D)
(as if to himself)
You're such a spoiled brat.

He gets very close to her, to throw his words in her face, spitting his attempt of anger and despise at her.

STAN (CONT'D)
I - AM - LEAVING - TO - DAY!

Mileva looks at him, and sends him a kiss with her mouth.

STAN (CONT'D)
Fuck you.

He looks at her.
And suddenly gets up, walks to the door.

STAN (CONT’D)
(without turning around)
You're a pain in the ass.

Mileva looks at him, beautiful, hagridden.
Then, a mask, again.

He has already opened the door, is out.

He turns around, sees her, comes back to her, puts her hands on her ears and temples, tilts her head back again, kisses her on the forehead, deep.

Mileva’s head falls forward as he parts.

She stays there, looking down at the blue sheet.

We hear the door close.

She stays absolutely still for a long moment.

Then, showing no emotions, she gets up, naked, lifts one side of her bed, revealing a hidden drawer, where converters, pillows and blankets are stuck.
She takes a thick converter, and a plane mask.

She goes back in the bed, under the blanket. Thickens the converter next to her, puts her head on it, her body against it, as if wrapping herself against another body.
And the mask on her eyes.
To sleep.



vendredi 26 octobre 2012

Désert bleu

29 juillet 2012 - Addis Abeba.

Ville accueillante, dans laquelle il nous est possible de déambuler à notre guise, sans que personne ne fasse véritablement attention à nous, sans nous fondre non plus dans la masse puisque nous avons dû croiser trois touristes en tout et pour tout aujourd'hui, et quand je dis touristes, je veux dire blancs.

Les enfants se marrent, jouent avec cerceaux et bâtons, à l'ancienne, font cuire des épis de maïs sur des braseros en bord de route, qu'ils éventent de ronds éventails de paille tressée. Les femmes sont grandes, fines, et naturellement très jolies.

30 juillet 2012

Fin de journée, orage.
Comme souvent -  comme toujours? - au moment de la fatigue, une certaine tristesse m'étreint le coeur. Romain Gary se serait-il donc résolument emparé de lui?
Le reste de la journée, bonne humeur et bonheur de marcher au gré de l'envie. Les enfants jouents dans le cour à côté de cabanons en terre glaise et tuiles maintenues par des pierres, tous munis de paraboles pointées vers le ciel.









Je hais les aéroports, je ne supporte plus l'attente pour le transport.
Horreur, malheur, enfer et autant d'hélices, que jamais plus de distance ne m'hérisse, que l'amour soit à ma porte, mieux, dans mon lit, blotti, lové, prêt, attendri, matin, midi, soir et coucher, là, tout de suite, à proximité, plus de distance, plus de séparation, c'est fini, ma patience a du bon quand bouillant vive, en lumineux geysers. 





Avec l'amour

29 juillet 2012.
Dans l'avion pour le Caire, puis Addis Abeba.

Il arrive avec deux heures de retard:
4 et non 2.
Et je me sens blessée, cruel.
Plus tard je lui demande:
Pourquoi?
Pourquoi ce mal, pourquoi cette peine, pourquoi cette impression? d'une faute, d'un abandon?

"Avec l'amour maternel, la vie vous fait, à l'aube, une promesse qu'elle ne tient jamais. Chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous sert sur son coeur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. (...) Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres douces vous parlent d'amour, mais vous êtes au courant."

Tu pars de là. Et en comparaison... que veux-tu?

Voyage, baby. Ouvre les yeux, mange du pays, trace ta race et fais ton propre pas.
Assez de police des coeurs, d'inspection générale de la considération extérieure, avec procès verbal, putains de contraventions.
On te doit rien, tout est un don, à bas les vaches,
Mort à la comptabilité.







mercredi 18 juillet 2012

Borchtch


Nous goûtons du Borchtch brûlant.
Et je vois son regard
Nous goûtons le Borchtch brûlant
Et je sais le hasard
D’aimer
De vivre
De partager
Quoi ?
Nous vivons deux vies séparées.
Nous nous aimons.
Mais ne savons pas
Quel est l’autre.
Je pleure et gémis et me plains
Je me consume
Je me torture et rougis
J’ai beau sentir, j’hume
Le parfum du malheur
Le parfum de la fin
Comment m’aimer, comment ?
Comment penser que si ? Que oui ? Que peut-être ?
Comment croire ?
Je suis ce que je suis.
Mes doutes, mes désirs, mes exigences ?
Qui pourrait, qui ?
Je pleure.
Loin de lui, et si près, pourtant.
Si près, je le touche, et dors avec lui.
Il me serre fort, et me dit qu’il m’aime.
De quoi ai-je donc peur ?
Je l’aime de toute ma force de toute mon âme mais comment
Comment croire à l’inévitable
Comment penser au firmament
J’ai confiance, ai foi en lui
Lui seul peut les miracles
Dont je suis incapable
Dont je brûle, pourtant
Lui seul détient les tourments
Car la magie
Car l’obscure
Car l’inattaquable
L’amour, oui, l’amour
Dans ses vaisseaux,
Coule
C’est de cela qu’il vit
Grandit, souffle, respire
Il est l’amour-même
Jamais personne d’autre
Je fonds à en mourir
Je voudrais ne plus être
Malgré tout malgré moi malgré l’envie de vivre
La sienne est plus forte et sa peau mon témoin
Rien de plus, rien de moins
Ici se trouve ma fin
Plus de but, plus d’espérance
Son corps est la puissance
Son corps est un destin
Lequel ?
Le mien ?
Oui ?
Oserais-je ?
Y croire ?
Quand tout m’y mène ?
Tant de peur, de doute, de questions ?
Qui sont miennes ?
Qui sont mes considérations.
Quand il est confiant.
Quand il m’aime.
M'offrir
Me brûler.
Arrêter les frais.
Pauvre amour, combien je t’aime
Et combien je crois en toi
Et combien j’ai peur de moi
Pour tout.
Et sans raison.
Nous en aurons bout.
Avec le temps.
Avec le temps, va, tout s'en va.
Et je t’aime.
Je t’aime.
Vraiment. 




jeudi 24 mai 2012

En finir avec Platon


Rien dans la vie ne m'atteint plus immédiatement et plus viscéralement, avec tous, et dans toute situation, que cette sensation terrible, choquante, brutale, cet état de fait irréversible:
nous sommes deux, mon amant, ma soeur, et ce que je découvre, peut-être ne l'aperçois-tu pas, et ce que je ressens, qui sait si tu l'éprouves; partageons nous le monde, l'amour ou l'émotion? Penses-tu ce que je pense, sais-tu ce que je sais, vois-tu ce que je vois, sens-tu ce qui m'étreint? Ô...


Il y a de ces instants dans lesquels on vit l'osmose, l'harmonie totale, la compréhension innée, instantanée, la connexion ultime, immense et infinie, le flot d'émotions incroyable, unique et partagé, qui nous unit, nous relie à tout, à tous. 
De nos plantes de pied posées plat sur la terre jaillissent des ondes colorées, rouge, jaune, bleu, vert, et nous sommes un, et nous sommes tout, et notre place au monde est là, brillante, et belle, et naturelle, intrinsèquement fondée, vraie, évidente, et nous emplissons l'espace et l'espace nous emplit, et l'on se comprend, et l'on s'est compris, et tout est beau et bon dans le meilleur des mondes partagé et en transmission, quand soudain bam! couac! un signal, une alerte.
Y a un lézard, un blem, y a un truc qui va pas. Une couille, un canard, un truc, mec. Quoi?
Le ventre tordu, le poing qui coupe le souffle.
Nous ne sommes pas un, mais deux, et le doute.
La route a dévié, on ne se comprend pas, on n'a pas partagé, on ne communique pas, c'est brisé, c'est niqué - les couleurs en nous rentrent.

Une infinie tristesse, un malheur plus grand que le monde nous envahit.

C'est comme ça, c'est la vie, il faut bien s'y faire, et l'on sait, d'expérience, que dans quelques minutes ça ira mieux - on aura pris sa détresse en patience, et le dialogue pourra reprendre, plus ténu, plus discret, plus solitaire, certes, mais ça continue, doucement, ça va reprendre...

Ca continue, mais qu'en est-il de l'autre? De notre lien? 

Et où en est l'amour?

Quand même fou d'avoir cela si ancré en soi.
On s'en remet, on s'en remet toujours, il n'y a là rien de grave.
Mais fou, oui, de continuer ainsi à le ressentir, aussi fort et puissant et brutal et violent, fou, oui, les soirs de fatigue, de s'en trouver si triste...


Savoir, savoir aussi, que cela n'est qu'instant
Et que lorsque face à soi se trouve un être cher, un vrai, l'indienne à la natte blonde séchant sous les étoiles, ou le tronc élancé dont la sève est ma fougue, ou mes félins chéris arborant de malice leurs moustaches nyctalopes...

Alors, et malgré tous les poings du monde, le rire, enfin. Le rire, nous, un. 






mardi 22 mai 2012

Jealousy

Ils sont sur le pont d'un bateau, tous autant qu'ils sont.
Ils sont sur le pont d'un bateau, et hurlent son nom.

Ils naviguent vers les eaux chypriotes, tous autant qu'ils sont.
Ils naviguent vers les eaux chypriotes, la tourmente au front.

Et moi je ne sais pas quelle est ici ma rage, et moi je ne sais pas où en est ma douleur,
et pourquoi ce chant en moi résonne tant
pourquoi je désire le meurtre d'une soeur, pourquoi d'Othello je veux le crime sanglant.

Sur ce pont, mon ami, mon âme,
sur cette injure boisée,
sur cet espace empreint de drame,
sur cette scène encombrée

Mon coeur, ma peur, mon doute, ma vie, mes erreurs et tout mon chagrin.

Nous respirerons, un jour, mon amour

Un de ces matins nous respirerions bien...





mercredi 2 mai 2012

Ressac

Je ne fais pas partie de sa vie.
Je suis ailleurs, loin, séparée.
Je ne suis pas dans ses souvenirs, dans ses émois, dans ses pensées.
Je n'apparaîs pas au soleil. Je ne me fais pas réveler.
Je ne laisse pas de trace, pas d'impression.
Seule, je ressens. Seule, je souffre. Seule, j'entends, sais, ce qu'il pense.
Je n'existe pas dans son jour, je ne respire pas dans sa nuit.
Je ne laisse pas d'odeur sur sa peau, pas d'empreinte dans son lit.
Je ne fais pas la différence, ne l'ai jamais faite.
Je ne suis pas là en lui, pas en son être.
De moi coulent les vagues, le sable blanc, lointain,
et portent à l'horizon ma douleur et mes larmes, celles que personne ne voit, que personne ne devine, celles qui sont le roulement continu de l'océan, son mouvement même, et languissant, que nul ne connaît, que nul n'imagine,
que je suis, pourtant.