mercredi 10 septembre 2014

What's in a name? (complainte de l'enfant gâtée qui tentait de devenir adulte)

Le bébé a déjà 20 jours, ou presque, ou quelque chose comme ça...
Et toujours pas sûrs de son prénom.

Il serait temps de se décider, les enfants, vous allez pas vous amuser à jouer longtemps avec ça, non?
Où qu'est-y où qu'est-y?

Sera-t-elle distinguée, élégante, volontaire, affirmée? Ou porteuse de mauvaise augure? De mauvais souvenirs? de peurs? D'envie de hurler?

Pourquoi, encore, toujours cette envie de hurler?
Pourquoi parfois cette lance, ce fer si brûlant, acéré?

Pourquoi envie alors de partir, de prendre mes clics et mes clacs, c'est fini, bam! foutre le camp, aller voir ailleurs si j'y suis, sur une plage qui n'aurait pas de nom, à me balancer sur la planche de bois reliée au toit du petit bar-cabane par d'épaisses et sympathiques cordes, à siroter une margarita, personne me connaît, je connais personne, seul un vieil indien sur le T-Shirt duquel se cabre un cheval sous l'orage corrige mes fautes d'espagnol, que sea, pas que es, ah ouais c'est vrai, c'est du subjonctif, ay papi! perdona, forgive me, et ressers moi un verre, toi, espèce de beau barman bronzé qui appartient à une autre, et en vérité je m'en fiche, je ne suis venue ni pour toi ni pour moi ni pour le sable sous mes pieds, ni pour les étoiles illuminant ce petit phare penché rouge dans l'océan, telle la tour de Pise, mais pour...

Pour quoi au juste?
Et qu'irais-je donc foutre là-bas? Et comment ne pas trouver l'ennui? Et dans l'ennui, comment ne pas trouver ce qu'ici je fuis?

Serpent Shiva qui se mord la queue qu'il a jolie, d'ailleurs.

Non. Là n'est pas la solution.

Alors quoi?
Les faire partir, tous?
C'est fini, Berlin, vous y avez vécu votre temps, allez hop, va voir ailleurs si ton accent y a la même saveur, et laisse moi enfin prendre possession de chacune des ruelles, faire de cette ville la mienne, sans souvenirs d'une autre vie, d'un autre temps, vampire qui sur les clichés n'apparaît pas, et maintenant là, bien en os bien en chair surtout, Label rouge, mon pote, on s'est pas foutu de ta gueule, et alors quoi? tu te pousserais pas d'là que j'm'y mette?

Non non non non non... La Spoiled Brat's dictature a des limites... Il faut savoir accepter.

Se taire, devant le prénom. Laisser faire. Avancer. Faire sa paix.

Mais comment, mais comment, quand encore une porte est laissée ouverte? Ils ont combien de jours pour le changer? Pour se pointer devant le registre des déclarations et balancer: Oui, désolé, on s'est trompés. On aimerait changer. Un autre, un autre prénom, un autre. Un qui plaira. Qui ravira. Qui ne portera pas malheur, tristesse, poids, vague à l'âme.
S'engouffrer dans la porte, pénétrer, régenter, ça s'passera comme ça et pas autrement?
Ou devenir vipère, dans le sommeil susurrer, aie confiance, Hortense, et laisse moi te guider...?

Ah qu'il est long le chemin de la sagesse, loin des caprices et des desiderata, chaque jour un peu plus forte et un peu moins pourrie mais quand même, m'est témoin Buddha, elle est salée, la tartine...



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