mercredi 14 mars 2012

19 mars

19 mars.
Un an.
Deux yeux. Une peau, à présent.
Le toucher si particulier d'un cheveu, devenu chant brisé d'un épuisement matinal.

Les grues montaient, montaient, se démultipliaient, pour mieux m'indiquer le ciel rose au dessus de l'Oberbaumbrücke.
Les sons s'entrechoquaient, distants de solitude puis soudain terriblement proches. Et résonnent aujourd'hui dans l'Angola d'antan.

La forêt frémissait d'attente, j'avais beau chercher, chercher, je n'y voyais aucun bourgeon. Car il n'était pas temps, encore. Car ce n'était pas là l'heur, ni le moment.

Aujourd'hui. Aujourd'hui. A présent.
Je m'offre, toute entière, je suis là.
Prête.


Do beware... For here he comes...



mardi 21 février 2012

Muffe

J'ai la trouille.
La trouille de faire le pas, la trouille de franchir le cap. La trouille de sauter dans le vide, la trouille de partir sans filet. La trouille de jamais y arriver, la trouille de rester attachée. La trouille de me faire prisonnière, la trouille de pas me libérer.

Et en écrivant ces mots je me souviens de la dernière détresse, du dernier choix cornélien.
En écrivant ces mots je revois mes pas, la certitude, la prise de décision. Le poids soudain ôté, nouvelle respiration.
En écrivant ces mots je me souviens de la joie qui m'étregnit, et du désir, à l'idée de retourner à l'expérience, à l'expérimentation.
Je me rappelle la sensation, divine et oubliée, d'appartenir à nouveau à la vie, d'en être à nouveau la soeur rieuse, la chatte de gouttière accomplie, prête et dédiée aux plus belles bêtises.

Je revois soudain son sourire. La menthe, le sucre, et la promesse.

Bien sûr, d'autres questions suivirent, d'autres maux, doutes, et interrogations.

Mais la promesse, mais le rêve, mais le compagnon...




Traversons...

jeudi 16 février 2012

Morpheus

Epuisés, malades, attrapés par le mal, nous luttions l'un comme l'autre, tentions sans force, mais avec le même malheureux désir de nous détacher de l'infâme, de la méchanceté pure- le sommeil, le profond sommeil qui ôterait de nous l'amour et sa conscience, celle d'être là, l'un à l'autre et peau contre peau,
épuisés, malades, certes, mais ensemble et enlacés.





- I'm exhausted but I don't want to sleep... I miss you already...

jeudi 2 février 2012

White

Is it me? Is it you? Are we together?
Do we live the same life, is it still happening?

Is it real? Are we here? Is it not only white? White as this powdery stretch behind my window-- to the horizon, slowly fading, slowly loosing itself in a faint pink, a shadowy purple?
They're all playing games and we're but their fools... wishing to paint the roses red, when we don't remember what original colour was theirs.

I feel lost and happy, scared and safe, I don't really know where I stand, nor if where I stand is reality, but it might just be--

Harmony?




mercredi 18 janvier 2012

Pharaon


Et je chantais cette romance
En 1903 sans savoir
Que l'Amour à la semblance
Du Beau Phénix, s'il meurt un soir,
Le matin voit sa renaissance 
(Appolinaire)

Je l’ai vu tout à l’heure, dans un désert immense.

J’étais dans un désert de sable, avec quelques montagnes rocheuses. Mais rien de très haut. Un immense désert dans lequel j’évoluais seule.
Je savais, j’avais conscience qu’étaient présents, là aussi, les êtres que j’aimais. Les Joseph, Antoine, Syl, Sabou, Lyd, Alyne… tous quelque part. Mais nowhere to be seen. Peut être ensemble derrière un rocher, ou dans un coin à eux, sous terre. Je ne sais pas. Là quelque part. 

J’avance, et je ne vois rien. Et tout d’un coup, une statue. Immense. Gigantesque. La statue du maître des lieux. Du pharaon, du roi, du dictateur. Lui. Sa tête. Enorme, et devant moi dressée. Et je sais que tout ici est à lui. Et pourtant c’est chez moi.
Et je comprends. Mais non. Mais non. C’est complètement déséquilibré. C’est impossible, on peut pas vivre comme ça.
Et les autres, je les aime même plus que toi, ils sont ma vie, ma famille, mes frères. Toi c’est de la dictature. C’est même pas toi qui t’es érigé là, tu t’en fous de ce désert, t’as pas envie d’être là. C’est des fanatiques qui t’y ont mis, mais les fanatiques, c’est moi, car tout ceci est mon peuple, mon pays, mon roi.
Il faut te faire descendre, démonter cette statue, te faire rejoindre les autres, les hommes aimés, perdus, transformés, aujourd’hui sereins, des alliés, dans mon cœur aussi, pour la vie, mais en proportion de cause, en connaissance gardée, on confond tout, là, tu n’es pas mon Dieu, pas le Che, faut arrêter.

Je suis malheureuse dans ce désert, mon cœur continue à brûler. J’ai compris ce qu’il me fallait faire, mais je ne vois pas comment y arriver.





mercredi 11 janvier 2012

Vol

C'est un de ces jours tristes, un de ces jours sans joie, et pire
encore car l'on sait le futile de cette absence, 

la non pesanteur de ces émotions, 
l'illégitimité totale de cet abandon 
à la malaisance, à la lassivité, 
l'incongruité aigue d'un mal un peu quelconque....
Il suffirait d'une chose pour qu'alors tout s'éclaire, et le savons si bien que cela m'insupporte- comment tomber encore dans ce jeu de
cloportes, comment se laisser faire, quand on prône être vaillante,
comment être à nouveau la cible de ses maux, le repaire des lombaires,
le trône de son égo?
C'est absurde et sans fin, et palpable soudain, non pas soudain,
toujours, c'est quelque chose de su, une connaissance, vertu, vice,
désir, passion non non non non non
Radiohead avait raison


Alors on pourrait se réfugier dans les salles obscures, guetter
d'autres figures, se fondre en d'autres corps, mais le simple est trop vu, la solution, abus, le ressort un remords
je me connais je nous connais nous me nous connaissons
s'user s'user jusqu'à la corde
ne s'use que si l'on n'en abuse pas
pourquoi pourquoi toujours si vrai toujours si cru
la viande en étalage comme autant de boeufs et de mouches
on parle d'échaland je parle d'échafaud on dit où donc je dis de queue
on parle d'amour je parle de noeud
mais je n'en pense pas moins
pas guère
pas plus qu'un autre
ou que naguère
qui comprend qui
on parle souvent des mêmes choses
à tel point qu'on nous prend pour un autre pour un trait
délicat
de la pensée
de l'esprit
de l'attitude
on colle à notre chair un sceau
à notre arc un cerceau
on nous dit ainsi
alors qu'on est un ça
et qu'on n'en finit pas
d'essayer d se raconter
et c'est ainsi qu'on se perd
et qu'on s'éperdue
en pairs
à pleurer
jour impair
jour de feu
de flamme

jour de jeux
Nuit de chine, nuit câline, nuit d'amour... 


ivresse

laisser la parole aux anciens

et enfin
que cesse, un temps

la liesse





jeudi 15 décembre 2011

Origine du souvenir

Bam! Une émotion au coeur.
Elle est là, elle s'est emparée du royaume, elle le possède, il est saisi, occupé, par surprendre, par assaut, par abordage, éminent et discret, on n'a rien vu, rien senti, rien préparé, elle est simplement là, entière et pleine, elle prend toute la place.
Mais quelle est-elle?
On tente de comprendre.
C'est quoi ce truc, c'est quoi, je le connais, je l'ai déjà vu, vécu, ressenti, éprouvé, quand, quand, bon Dieu, quand donc? C'était quand, c'était quoi, avec qui, comment? Un film, nan, pas un film, c'est bien trop fort en moi...

Ce soir en Inde sous les étoiles que l'on prenait pour des soeurs?
Sous les palmiers mouillés, à peine sortie du puits?
Dans l'antre biblique de Nazareth, de Bethléem, le long des feus bengali de la plage, dans l'écume de laquelle dansaient ces statues faites de porcelaine?
Mais alors, pourquoi cette peur?

Pourquoi cette peur panique, ce sentiment de connaissance, presque trop grande, trop profonde et trop forte: c'est le malheur, c'est le malheur, c'est le malheur que je touche du doigt.

Sourire, écouter, rester présente, rester concentrée, quand tout en nous hurle et se dresse et craint et tente de prévenir du danger.

C'est le malheur, c'est le malheur, c'est le malheur qui est entré.

Peut-être n'est-ce qu'une impression, peut-être une sensibilité trop accrue, trop écoutée, peut-être des sentiments mêlés, peut-être même un vieux rêve, des craintes d'enfant? Qui sait? Ce n'est pas la première fois.
Et j'espère en mon âme me tromper.
Et j'espère en mon âme me méprendre.
Et m'en remets à la vie, qui toujours, elle, saura, toujours, apaisera.

A elle.
A la vie.
Je m'en remets.